- COLLÉ (Charles). La Partie de chasse de... - Lot 51 - Eric Caudron

- COLLÉ (Charles). La Partie de chasse de Henri IV, comédie en trois actes & en prose, avec quatre estampes en taille-douce, d'après les dessins de M. Gravelot. Paris, veuve Duchesne, Gueffier, 1766 ; in 8°, 120 pp. (les ix premières en romain), avec 4 planches gravées par Duclos, Rousseau et Simonet d'après Gravelot, cartonnage de papier orange orné d'un semis de points blancs, pièce de titre verte en long, tranches marbrées. Rel. du XIXe siècle. Bon exemplaire. Edition originale de cette pièce qui peut être lue comme un manifeste dramatique en faveur de ce que l'on n'appelle pas encore "l'orléanisme".Elle forme en effte la seconde version de Le Roi et le meunier, inspirée de Robert Dodsley (The King and the miller of Mansfiled, 1736), et fut jouée pour la première fois le 8 juillet 1762 à Bagnolet, sur le théâtre du duc d'Orléans (et qui correspond aux actes II et III de la version définitive). En dépit de son grand succès, elle ne fut pas admise au répertoire de la Comédie française. Collé décida alors de lui donner davantage d'ampleur, et lui rajouta l'actuel acte I, centré sur le personnage de Sully, envisagé d'après l'édition alors commune des Mémoires de ce ministre. Ainsi modifiée, la pièce fut de nouveau représentée à Bagnolet le 25 décembre 1764, au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles (1er janvier 1767) et dans de nombreux théâtres de société. L'impression fut autorisée en 1766, mais Louis XV s'opposa toujours à ce qu'elle fût jouée sur les scènes parisiennes. Sans doute le souverain craignait-il le parallèle qu'on n'eût pas manqué d'établir entre son style de monarchie et celui d'Henri IV. L'exaltation de l'idéal d'une monarchie qui prend directement ses racines dans le peuple et met de côté la noblesse et la cour, présentées comme des foyers d'intrigue, pouvait alors passer pour subversive, même si elle était parfaitement anachronique en ce qui concerne Henri IV. Il fallut attendre l'avènement de Louis XVI pour qu'elle figurât enfin au répertoire de la Comédie française ; elle y obtint un immense succès à partir de 1774. Jusqu'à la Révolution française, elle fut jouée aussi souvent que Le Mariage de Figaro. Favorisée par la Restauration qui avait pris la figure de Henri IV comme modèle de gouvernement bienveillant et réparateur, elle se soutint encore jusqu'au début du XXe siècle. Cioranescu, XVIII, 20080. Cohen, 246-47.